CM 29/01 Programme de Réussite Educative: intervention d'Anne-Noëlle Quillot


Monsieur le maire, chers collègues

Vous nous proposez dans ce rapport la mise en place d’un Programme de Réussite Educative auquel nous apportons notre soutien

Mais j’aurais attendu de votre part que, plutôt que reprendre le texte d’origine écrit par la Délégation interministérielle à la ville en avril 2005, vous fassiez un travail approfondi de ré écriture.


Et  je me serais attendue par exemple à ce que vous ne repreniez pas à votre compte l’association des termes « environnement social, familial et culturel » qui caractérisent de front les difficultés spécifiques que vivent certaines familles.

Il me semble en effet dangereux d’associer ces 3 termes car ils évoquent des jugements de valeur vis à vis de populations dont la culture et les structures familiales seraient soit disant défaillantes. Je préfèrerais pour ma part parler « d’environnement social et économique », qui relève pour moi de critères quantifiables, et, on le note dans les contrats urbain de cohésion sociale sur lesquels vous proposez de vous appuyer, prend comme bases d’éligibilité  le contexte urbain, économique et social à l’origine des difficultés dans les quartiers où vous nous proposez de mettre en oeuvre ces programmes.

Par ailleurs une mère en difficultés économiques et sociales serait j’en suis certaine choquée de se voir taxée de surcroît de défaillance familiale et culturelle. Et dans ce cas je crains que son adhésion à un programme de réussite éducative, puisque qu’il est envisagé dans ce programme d’ accompagner les parents dans leur fonction parentale, soit fortement compromise. D’ailleurs j’aurais attendu que vous vous positionniez plus précisément  sur l’accompagnement des parents : pour moi il est important d’accompagner sans stigmatiser, de soutenir sans faire à la place de, d’inciter sans brusquer. Ce programme doit favoriser la reconnaissance et la valorisation des compétences parentales.

Je suis également étonnée de lire un peu plus loin qu’il s’agit de, je cite : « prendre en compte la santé des enfants et adolescents, et par conséquent la résolution des problèmes constatés qui constituent fréquemment un frein majeur à leur épanouissement et leur développement normal » : le projet vise certes à remédier aux problèmes de santé d’enfants et d’adolescents qui auraient besoin d’une prise en charge médico-sociale, mais je ne pense pas qu’il soit souhaitable d’accoler au terme « développement » le qualificatif de « normal ».  Je crois qu’il est très difficile de définir un développement "normal" pour l'être humain. Chaque individu se développe différemment et à son propre rythme. Va t’on, quand on passera à la phase d’évaluation de ce programme, mesurer qu’un enfant ou un adolescent a avancé à travers les différentes étapes de son développement ?    ou se concentrer sur l'atteinte d'une étape spécifique, considérée comme normale, pour un âge spécifique.


Autre question :
S’il est important de mobiliser, pour agir dans le cadre de la politique de la ville, les financements diversifiés que vous détaillez en 2ème page,  il ne faudrait pas que ce  Programme de Réussite Educative devienne un dispositif de plus. Il existe déjà des outils dans les écoles et les collèges, où des équipes éducatives viennent en soutien auprès des élèves en difficulté, et il me semble essentiel que s’instaure une démarche croisée entre des professionnels de différentes cultures, et ciblée sur les besoins des enfant. Or ce sont  les enseignants qui passent le plus de temps avec les enfants et qui peuvent jouer un rôle central dans le repérage des signaux d’alerte qui indiquent qu’un enfant est en souffrance. Pourriez-vous nous dire quelles articulations sont prévues entre ces différents dispositifs ?

Enfin pour moi ce PRE, programme de réussite éducative, nécessite des relations étroites entre les professionnels de l’école, les représentants des collectivités locales et les associations sur lesquelles vous souhaitez vous appuyer en priorité, comme vous l’avez noté sur ce rapport. Or j’ai noté que les associations ne sont pas représentées dans le Comité de pilotage. Cette absence me semble regrettable par la non prise en compte de leur expérience quotidienne sur le terrain pour définir les stratégies d’action, et j’en suis d’autant plus surprise que je pensais, suite à la présence de vos adjoints aux travaux organisés en novembre par le COJEP dans le cadre des « cent ans de liberté associative en Moselle», que de nouveaux modes de relations pourraient s’instaurer entre les associations et leurs partenaires institutionnels. Aussi je souhaite, si les textes ne l’interdisent pas, que vous inscriviez les représentant du milieu associatif au sein de ce futur comité de pilotage.
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