Conseil municipal du 5 juillet 2012 : Point 11 Schéma de développement local

J’ai lu avec beaucoup d’attention le document de 31 pages appelé « schéma de développement Touristique local » et si j’y ai trouvé, en introduction, deux pages de chiffres très intéressants sur la situation du tourisme local, pour le reste je suis désolée de vous dire que j’ai dû chercher le fond entre formatage et jargon. D’abord il faut s’imprégner d’anglais spécialisé :

-       low cost

-       concept store

-       city break

-       city trips

-       slow food

-       slow life

-       roots

-       corner boutiques

-       cluster de tourisme, net-work-partner…je m’arrête là

 

il faut aussi s’imprégner d’expressions « tendance » (le mot est dans les textes) comme « des destinations plus innovantes, plus en avance, qui créent le buzz »,  et de nouvelles dimensions :

par exemple page 23 il est question d’attirer une clientèle particulière : « le village mondial » et on nous livre dans le texte la définition du village mondial telle qu’elle figure dans le journal d’information de ATOUT FRANCE de l’automne 2010 : « qu’est-ce que le village mondial : Ensemble de personnes influentes à divers titres voyageant fréquemment dans un cadre personnel ou professionnel, vivant au rythme des grandes tendances mondiales et des évènements internationaux ayant des modes de vie comparables et disposant de revenus supérieurs à la moyenne (CSP ++). Les habitants de ce village mondial peuvent être issus de n’importe quel pays du monde mais ont pour trait commun de considérer le monde comme un village, dans lequel ils ont l’habitude de se déplacer avec facilité… » ce qui n’est entre parenthèse pas le cas des demandeurs d’asile et gens du voyage dont nous avons parlé tout à l’heure

 

Bien sûr toutes les écoles de commerce formatent leurs étudiants à s’exprimer ainsi et les agences de marketing reproduisent à l’infini ces « copier-coller » dans les documents qu’ils sont chargés de rédiger, mais j’ai tout de même été navrée par la lecture de ce texte sans saveur ni odeur où on ne retrouve pas l’âme de la ville et surtout ses attraits et ses atouts. Elle n’est qu’un produit parmi tant d’autres, savonnettes ou boissons gazeuses, que ce document cherche à promouvoir dans le monde entier dans des revues spécialisées.

 

Plus prosaïquement, il me semble que si l’on veut vraiment rendre la ville attractive, aux touristes comme aux habitants (on parle page 11 de « clientèle de proximité », terme tendance qui est traduit par « être touriste dans sa ville, près de chez soi ») ne serait-il pas essentiel de parler de sujets peut-être triviaux, mais terriblement concrets : l’entretien de la ville, que l’on ne trouve nulle part dans le document. Il est dit  page 15 que « la déambulation est la première pratique des clientèles touristiques en ville ». Or quelles sont les propositions, je cite : « Créer une signalétique touristique et développer la « réalité augmentée », encore du jargon…  c’est à dire mettre en place de la signalétique, des flash codes ou QR codes, des supports technologiques, donner une visibilité numérique…comme si on faisait une visite virtuelle en planant sur la ville avec des ailes d’anges ; or il s’agit bien pour les visiteurs d’arpenter les rues et en ce qui concerne leur état de gros efforts sont à faire pour ne pas générer la déception des visiteurs: le balisage des travaux, l’accessibilité, le traitement des vitrines abandonnées, la propreté des rues et des berges de nos rivières et même de nos cours d’eau qui charrient parfois des détritus pas très sympathiques...! Par exemple le samedi matin, jour de marché très fréquenté par les touristes, le quartier devrait être nettoyé très tôt, y compris le bras de Moselle, la Place de la Comédie et son pont d’accès qui se trouvent souvent pollués par les traces des consommateurs de la nuit précédente.

Page 26 on parle de « faciliter les synergies », de « culture de service au client » : or la question importante c’est de mettre en synergie la problématique de la propreté de la ville pour qu’elle soit assurée 24h/24 par un service dédié, et aussi pour qu’elle fasse l’objet d’une campagne de sensibilisation auprès de tous les citoyens.

 

Je vais cependant souligner, sur le fond, que beaucoup de  propositions me semblent aller dans le bons sens, en particulier les infrastuctures d’accueil bon marché, les résidences hôtelières, l’accueil de qualité pour les camping-cars, l’amélioration des activités de camping (mais contrairement à ce qui est écrit je ne suis pas favorable à une relocalisation du camping de Metz qui a l’avantage d’être en centre-ville), l’hébergement sur l’eau, les points de sanitaire collectifs et l’adaptation aux personnes en situation de handicap.

 

En conclusion si ce document est un inventaire de tout ce qui peut s’imaginer pour développer le tourisme dans une ville en plein essor, la question est me semble t’il : quels sont,  parmi ce foisonnement de projets, les premiers que vous comptez mettre en œuvre.

 

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