Vidéosurveillance au Conseil municpal du 24 février 2011

L'intervention d'Anne-Noëlle Quillot


La vidéosurveillance n’est pour moi, comme son nom l’indique, qu’un outil de surveillance et de prévention. Et la question qui se pose est « de quels moyens  dispose une municipalité pour 1/ avoir une politique de prévention efficace, au service de tous les citoyens quelque soit le quartier où ils vivent

2/réagir le plus efficacement possible lors de faits délictueux.

 

La vidéosurveillance ne peut être utile que si elle renforce l’action d’équipes de policiers qui circulent et sont au contact avec les populations, surtout dans les quartiers où elles se sentent laissées pour compte et ressentent alors un fort sentiment d’abandon.

Avec quels effectifs et à quelle fréquence la police est-elle sur le terrain ? Je ne parle pas d’une présence rassurante pour les badauds et les touristes mais efficace face aux délinquances de tous les jours. Je pense en particulier au sentiment d’insécurité et de révolte présent surtout dans les quartiers d’habitat social, où la majorité des habitants subissent la violence d’une minorité de délinquants, ou, moins grave mais également difficile à vivre au quotidien, ce qu’on appelle communément « les incivilités », qu’un sociologue définit comme « un ensemble de nuisances sociales extraordinairement variées qui ne blessent pas physiquement les personnes, mais bousculent les règles élémentaires de la vie sociale qui permettent la confiance". Les comportements que recouvrent ce terme d’incivilités sont par exemple les crachats, les graffitis sur les murs des villes, les dégradations de biens publics, les attroupements d’individus potentiellement menaçants, les bruit dans les immeubles d’habitation, les insultes dans la vie quotidienne,le  manque de respect envers les personnes âgées. La difficulté principale est que cette notion englobe à la fois des comportements gênants, mais qui ne sont pas pénalement sanctionnés, et d’autres qui constituent de vraies infractions relevant de la délinquance. Mais comment situer les limites pour ne pas laisser un appareil répressif public et privé se substituer au lien social et à la confiance nécessaire à un bon fonctionnement de la société.

Il me semble qu’il y a à gérer une contradiction entre :

 

-       rendre les gens plus citoyens à travers divers moyens comme la participation à des mouvements d’éducation populaire, à la vie associative… également comme la démocratie participative, mais qui nous le voyons bien à l’issue de 2 ans d’expérience ne se décrète pas et a ses limites,

-       et sanctionner, mais la répression sans pédagogie a également ses limites et engendre une réaction négative des personnes, qui ne vont pas améliorer leur comportement sans un accompagnement. Et cela pose la question des moyens qui doivent être consacrés, dans les politiques publiques, à des mesures spécifiques d’accompagnement social, éducatif ou d’aide à la réinsertion.

On constate que dans toutes les villes des solutions sont élaborées et des mesures mises en place dont l’un des buts est de lutter contre les phénomènes de délinquance et d’incivilité. Par exemple à Metz, lors de la séance annuelle de janvier du conseil local de prévention de la délinquance (où siègent un certain nombre d’entre nous) ont été évoqué le travail des cellules de veille sociale, et des équipes de prévention et de médiation sociale sur les quartiers désignés comme prioritaires en matière de prévention de la délinquance et de tranquillité publique. On peut aussi rappeler la récente inauguration du Point d’accès au droit sur le quartier de Borny (approuvé par le conseil municipal de juillet 2010), service de proximité pour l’accès au droit.

Il semble aussi que les nouveaux métiers qui se développent au sein des quartiers et des organismes de logements sociaux comme les agents d’ambiance et les  médiateurs,  et une évolution des services de Police et de la  justice vers plus grande proximité culturelle, physique et temporelle sont un atout fondamental pour les politiques de sécurité.

 

Reste à trouver les points d’ équilibre qui permettent d’une part d’empêcher l’espace public d’être déserté en raison de l’insécurité qui y régnerait et, d’autre part, d’empêcher cet espace public de devenir totalement aseptisé en raison d’un contrôle permanent qui frapperait les moindres écarts à la norme. Et la multiplication des mesures de surveillance vidéo préconisés dans ce rapport reste un outil difficile à maîtriser et à gérer qui, s’il veut être efficace, doit être accompagné de présence humaine sur le terrain..

 

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